les bonnes ondes de l’acoustique

Le rôle de l’acousticien n’est pas de faire le silence mais de don­ner à entendre un envi­ron­ne­ment sonore de qua­li­té qui met en valeur l’espace étu­dié.

Les bonnes ondes de l’acoustique

INTERVIEW CROISÉE : Samuel TOCHON-DANGUY (STD) – DIRECTEUR INGÉNIERIE ACOUSTIQUE ET VIBRATOIRE  – LASA et Éric DOUBLIER (ED)DIRECTEUR RÉGIONAL RHÔNE-ALPES ET SUISSE CERENN.

LASA, c’est une équipe de plus de trente ingé­nieurs, cher­cheurs et tech­ni­ciens en ingé­nie­rie acous­tique et vibra­toire répar­tis sur toute la France, qui apporte des réponses inno­vantes et opti­mi­sées aux dif­fé­rents besoins dans le bâti­ment, l’environnement et l’industrie. Ses col­la­bo­ra­teurs rayonnent sur l’hexagone et à l’international pour appor­ter des solu­tions per­son­na­li­sées aux pro­blé­ma­tiques ren­con­trées par les clients.

Quand deux pas­sion­nés, Samuel Tochon-Danguy -Acousticien, Directeur- et Eric Doublier -Directeur Rhône-Alpes et Suisse-, ont une démarche com­mune d’amélioration de confort de l’utilisateur et échangent leurs idées pour pro­po­ser des solu­tions à fortes valeurs humaines, cela donne une inter­view pas­sion­nante. Ces deux pro­fes­sion­nels nous livrent leurs expé­riences, font rayon­ner des fon­da­men­taux, ima­ginent de nou­velles pers­pec­tives, appri­voisent et conjuguent leurs points de vue, pour nous offrir des réponses per­cu­tantes sur le bien-être au tra­vail.

Vous êtes bien ins­tal­lé dans un envi­ron­ne­ment sonore apai­sé ? Alors laissez-vous gui­der par la phi­lo­so­phie de l’acoustique.

L’action des acousticiens s’est considérablement élargie à l’ensemble des activités humaines : Pourquoi ?

STD : Cela est dû au reflet d’une attente des usa­gers et si c’est un métier qui n’est pas encore bien connu du « grand public », au niveau pro­fes­sion­nel, cela fait vingt-deux ans que je tra­vaille sur les sujets des bruits dans les open-space, sur l’isolement entre les espaces de bureau. Bien avant les normes actuelles, il y avait une pré­oc­cu­pa­tion sur le sujet avec des grands comptes qui avaient déjà com­pris l’importance de la qua­li­té de l’ambiance sonore et des ques­tions d’acoustique sur le lieu de tra­vail pour le bien-être de leurs équipes et donc de leur pro­duc­ti­vi­té. 

Cette approche n’est donc pas nou­velle et cela fait des années que la pro­blé­ma­tique est en place et se tra­vaille. Mais il est vrai qu’elle a pris plus d’ampleur ces der­nières années. Le métier d’acousticien est de plus en plus sous le feu des pro­jec­teurs confor­té par les ten­dances anglo-saxonnes du Well Being, BREEAM, et fran­çaises, HQE, OSMOSE… rame­nant le sonore comme un cri­tère au centre des pré­oc­cu­pa­tions.

Comment analysez-vous l’évolution du mode de travail en bureau ?

STD : Il faut savoir que l’acoustique a été recon­nue comme le fac­teur N°1 de gêne au bureau ! De nom­breux pro­grès ont été faits depuis des années (déco­ra­tion, ambiance, confort ther­mique..) mais un des élé­ments qui reste encore à par­faire est l’acoustique. Et il y a un véri­table focus là-dessus, une véri­table volon­té d’évoluer dans ce sens pour le confort des usa­gers. Ces dix der­nières années, il y a eu un gros mou­ve­ment vers l’open-space. De ce fait, les lieux de tra­vail ont été repen­sés comme un lieu d’échanges et il a fal­lu répondre aux attentes de ces espaces bruyants. Le sonore est deve­nu un des cri­tères les plus impor­tants pour favo­ri­ser le bien-être des équipes. Les démarches envi­ron­ne­men­tales et la prise en compte du confort des usa­gers y sont éga­le­ment pour quelque chose. 

ED : Aujourd’hui, vivre dans un envi­ron­ne­ment apai­sé, pro­té­gé du bruit, est une réelle prise de conscience. C’est un pri­vi­lège que les gens recherchent dans leur loge­ment, leur quo­ti­dien et du coup ça été impor­té dans le monde du bureau. La recherche de la qua­li­té de l’environnement a pour objec­tif un mieux vivre en termes de confort per­son­nel mais aus­si la pré­ser­va­tion de la san­té de tous. Cette qua­li­té des ambiances envi­ron­ne­men­tales doit aus­si bien être recher­chée dans notre habi­tat comme à l’intérieur des dif­fé­rents espaces de vie au tra­vail.

La réglementation amène à traiter des aspects principalement techniques mais comment les notions de « confort / bien-être / intimité / harmonie / qualité de vie au travail » prennent de l’importance dans vos études ?

STD : C’est tout l’intérêt et le sou­ci des normes, cela per­met de prendre conscience qu’il faut faire des choses, cela donne des valeurs guide mais il y a un réel besoin de les inter­pré­ter et de les adap­ter au cas par cas en fonc­tion des manières de tra­vailler. Par exemple, sur un pla­teau de 150m2 il peut y avoir au moins cinq/six façons de tra­vailler dif­fé­rentes, ce qui donne idéa­le­ment lieu à des concep­tions dif­fé­rentes. Ce n’est pas la même approche pour trente per­sonnes qui télé­phonent très peu et dont le besoin pre­mier est d’être concen­tré sur leur tra­vail (envi­ron­ne­ment assez silen­cieux) et un open-space dont le ser­vice client est constant avec une inter­ac­tion per­ma­nente (ambiance très bruyante). Il s’agit d’une palette de situa­tions très large qui varie selon le fonc­tion­ne­ment du client. Il faut bien se rendre compte qu’il n’y a pas de solu­tion miracle ou unique mais des types d’activités qu’il faut adap­ter selon les besoins et consi­dé­rer de façon détaillée. Il y a vrai­ment un besoin de dia­lo­guer en amont avec les uti­li­sa­teurs et de connaitre leur manière de tra­vailler. Il faut être à l’écoute ou anti­ci­per leurs usages quand il s’agit d’un lan­ce­ment de pro­jet. Dans ce cas notre mis­sion sera d’anticiper ce qui va se pas­ser dans les bureaux et com­prendre, en dis­cu­tant avec les space plan­ner ou les repré­sen­tants du client, com­ment les équipes sur le ter­rain vont œuvrer puis d’adapter notre étude ain­si que les pré­co­ni­sa­tions. 

ED : C’est tout un rai­son­ne­ment à prendre en compte car l’environnement de tra­vail et les attentes des uti­li­sa­teurs demandent à faire coha­bi­ter des richesses et des para­doxes : il faut marier l’envie d’être iso­lé à celle d’être à plu­sieurs, le besoin d’être au calme à celui d’être mêlé à l’espace col­lec­tif, l’importance d’échanger pour se moti­ver tout en s’accordant des moments de De ce fait, il est néces­saire d’optimiser et de bien déli­mi­ter les espaces en créant des zones dif­fé­rentes pour répondre à de véri­tables scènes de vie au bureau. L’étude de la socia­li­sa­tion a donc une impor­tance pri­mor­diale. L’objectif recher­ché par l’acoustique dans les bureaux ne se limite plus à l’application de la régle­men­ta­tion au sens propre mais il intègre et déve­loppe une expé­rience, une sen­si­bi­li­té per­met­tant de conce­voir des envi­ron­ne­ments sonores où confort et esthé­tique sont ras­sem­blés dans un mieux vivre col­lec­tif ou indi­vi­duel.

Quand fait-on appel à vos compétences ? À quel moment intervenez-vous ?

STD : Le cabi­net LASA inter­vient soit en tant que co-traitant d’une équipe de Maitrise d’Œuvre pour la construc­tion de nou­veaux bâti­ments soit en tant que man­da­taire pour la redé­fi­ni­tion d’espaces inté­rieurs où le besoin concerne spé­ci­fi­que­ment l’environnement sonore, comme la modi­fi­ca­tion d’un espace de tra­vail. Dans le neuf, nous pou­vons inter-venir à toutes les étapes (avant, pen­dant, après). L’idéal étant le plus en amont pos­sible. L’intégration du cri­tère acous­tique au tout début du pro­jet per­met d’avoir une meilleure prise en compte et un coût final d’aménagement plus opti­mi­sé. C’est un domaine trans­verse où plus le cri­tère est inté­gré dès le départ, plus il peut être co-construit et intel­li­gem­ment pen­sé avec tout ce qui va s’organiser autour (solu­tion intel­li­gente). Mais il n’y a pas de géné­ra­li­té. Car il y a aus­si la pos­si­bi­li­té d’intervenir après, sui­vant les cas. Les  immeubles anciens, par exemple, où la démarche de redé­fi­ni­tion d’espaces a tout son sens à ce moment-là du fait de l’impossibilité de le faire avant. 

ED : Il y a quelques années, man­da­ter un acous­ti­cien n’était pas for­cé­ment dans les mœurs. Les entre­prises pen­saient que « le bon sens » suf­fi­sait pour obte­nir une solu­tion. Bien évi­dem­ment (et heu­reu­se­ment) il y a eu une prise de conscience liée aux pro­blé­ma­tiques des sujets acous­tiques. Avoir un confort acous­tique de qua­li­té est deve­nu une prio­ri­té et nous avons tou­jours un dis­cours pré­ven­tif envers nos clients. Cependant, com­ment l’objectiver ? La dif­fi­cul­té c’est que nous sommes man­da­tés pour une pro­blé­ma­tique de cloi­sons et non d’acousticien. De ce fait, CERENN peut se retrou­ver en dan­ger en ven­dant des cloi­sons de très bonne qua­li­té mais dont l’acoustique peut poten­tiel­le­ment ne pas être satis­fai­sante à cause d’environnements inadap­tés. Nos équipes anti­cipent en amont ce pro­blème en posant des ques­tions pré­cises aux clients et en recom­man­dant la pré­sence d’un acous­ti­cien pou­vant y répondre grâce à une des­crip­tion objec­tive des valeurs tan­gibles. Par exemple, si la pro­blé­ma­tique mise en avant est « je n’entends rien quand je suis à mon poste de tra­vail », il y a évi­dem­ment des solu­tions à appor­ter mais plu­sieurs para­mètres sont à prendre en compte : l’utilisateur souffre-t-il d’une perte audi­tive ? Travaille-t-il en-dessous d’une source de bruit (un ven­ti­la­teur par exemple) ?…Donc, à l’évidence, il est pri­mor­dial de faire inter­ve­nir un acous­ti­cien le plus tôt pos­sible pour ces raisons-là. Pour le client, pour les uti­li­sa­teurs et pour nous (CERENN) qui pré­fé­rons un dos­sier où il y a une notice acous­tique prag­ma­tique et attei­gnable (échanges et conseils) car comme nous sommes le der­nier acteur de la chaine, pour des rai­sons tech­ni­que­ment injustes, nous pou­vons nous retrou­ver seuls expo­sés au résul­tat alors qu’il ne dépend pas que de nous ! 

Y-a-t-il une approche spécifique, un  « guide » de la bonne pratique ?

STD : Pour rebon­dir sur les pro­pos d’Éric, je pré­co­nise en effet de nous faire inter­ve­nir le plus tôt pos­sible. Pourquoi ? Car il y a deux approches : le pré­ven­tif face au cor­rec­tif. Être pré­sent dès le départ, per­met de tra­vailler main dans la main avec les dif­fé­rents inter­ve­nants du chan­tier qui peu-vent s’appuyer sur une notice, un guide acous­tique. L’intégration de ce cri­tère au tout début du pro­jet per­met d’avoir une meilleure prise en compte et un coût final d’aménagement plus opti­mi­sé. Plus nous inter­ve­nons tard, plus des couches se rajoutent, des pro­blé­ma­tiques qui auraient pu être inté­grées, pen­sées dif­fé­rem­ment, solu­tion­nées en amont. Par exemple, si des cloi­sons mon­tées sont suf­fi­sam­ment iso­lantes mais ins­tal­lées dans un contexte de plafond/façade qui ne per­mettent pas de res­ti­tuer toute la qua­li­té de la cloi­son : le bruit pas­se­ra par ailleurs !  De ce fait, le cor­rec­tif est plus cher. Pour accom­pa­gner le Maitre d’ouvrage dans son pro­jet de réno­va­tion, nous avons tous les outils de mesure et de modé­li­sa­tion per­met­tant de faire un diag­nos­tic com­plet. En tenant compte de l’existant, des pos­si­bi­li­tés tech­niques du bâti­ment, du sou­hait d’aménagement du client et du bud­get, pour que l’usage fonc­tionne. Pour les futurs pro­jets, nous avons les moyens de modé­li­ser des scé­na­rios d’aménagement afin de pré­voir à l’avance, avec les logi­ciels, ce qui va se pas­ser autant en iso­la­tion qu’en acous­tique interne (iso­la­tion, réver­bé­ra­tion dans les locaux, réso­nance…). Il est donc impor­tant de tra­vailler avec les inter­ve­nants de son éco-système afin d’éviter que le der­nier asso­cié de la chaine ne soit péna­li­sé par son tra­vail car, au final, le résul­tat glo­bal ne dépend pas que de son amé­na­ge­ment.

Quelles sont les problématiques actuelles concernant l’acoustique ?

STD : La prin­ci­pale : la den­si­fi­ca­tion de la pré­sence des col­la­bo­ra­teurs sur un même espace. Nous sommes pas­sés du « cha­cun son bureau » cloi­son­né à un modèle où il y a quelques bureaux fer­més, des espaces denses, des bulles de confi­den­tia­li­té… Et en même temps, il faut faire coha­bi­ter le bruit des équi­pe­ments tech­niques aux solu­tions qui doivent être iso­lées, absor­bantes, ven­ti­lées sans que ça fasse trop de bruit car on est tel­le­ment bien iso­lé qu’on entend trop les appa­reils…. Il arrive donc que dans cer­tains cas, on repro­duise des bruits ambiants arti­fi­ciels (via des hauts par­leurs) pour évi­ter que ce soit le silence total.  Trop de silence dans les bureaux amène un pro­blème de confi­den­tia­li­té. Un cer­tain bruit de fond constant per­met de réduire « le rayon de per­tur­ba­tion ». Le rôle de l’acousticien n’est donc pas de faire du silence, mais bien de trou­ver le juste équi­libre. Un sub­til cur­seur à régler pour trou­ver le bon com­pro­mis entre le bruit de fond et le bruit d’activité. 

ED : Et c’est là tout le para­doxe de l’isolation pho­nique cumu­lé au confort acous­tique. Comment faire coha­bi­ter dans un envi­ron­ne­ment de bureau le fait de ne pas entendre la per­sonne qui est à côté de vous, de gérer l’effet d’écho, de ne pas par­ler plus fort que son voi­sin… tout en ayant des approches dif­fé­rentes selon les lieux (cloi­sons, open space…) ? C’est le rôle de la cor­rec­tion acous­tique grâce aux maté­riaux absor­bants per­met­tant d’éviter d’être épui­sé ou d’avoir mal à la tête en fin de jour­née. Prenez l’exemple d’un res­tau­rant non trai­té acous­ti­que­ment, où le brou­ha­ha est constant, vous allez auto­ma­ti­que­ment sur­en­ché­rir et vous en res­sor­ti­rez acca­blé par la fatigue. Et ce qui est pas­sion­nant, c’est de pou­voir conju­guer nos talents afin d’optimiser le confort et d’éviter les réver­bé­ra­tions. D’un côté en déve­lop­pant le mix pro­duit qui est fon­da­men­tal et de l’autre en tra­vaillant la R&D accom­pa­gnée par les pré­co­ni­sa­tions de l’acousticien. Pour au final, pro­po­ser une solu­tion d’amélioration des espaces de tra­vail tout en favo­ri­sant le bien-être et la pro­duc­ti­vi­té des col­la­bo­ra­teurs. 

En réponse à cela, en quoi les produits industriels proposés sur le marché sont-ils efficaces ?

STD : Paradoxalement ce ne sont pas que les pro­duits acous­tiques qui font l’efficacité acous­tique mais les trai­te­ments et maté­riaux acous­tiques qui doivent être adap­tés aux usages. Il n’y a pas de bonne ou mau­vaise solu­tion, il faut une solu­tion inté­grée et adap­tée aux usages envi­sa­gés.

ED : Si nous cloi­son­nons les nou­veaux amé­na­ge­ments, c’est pour être iso­lé et par défi­ni­tion nous devons être très acous­tiques pour opti­mi­ser le confort et évi­ter les réver­bé­ra­tions. Donc pour créer ces espaces d’intimité, de recen­trage ou pour télé­pho­ner, il faut tra­vailler sur des solu­tions acous­tiques poly­morphes. Pour être concret, nous avons sou­vent tra­vaillé ensemble sur la mise au point de bulles auto­nomes. Il s’agit d’objets acous­ti­que­ment com­plexes car il faut iso­ler, ven­ti­ler (…donc lais­ser pas­ser l’air et poten­tiel­le­ment le son) et amor­tir la réver­bé­ra­tion acous­tique, tout en limi­tant les bruits de ven­ti­la­tion. Il y a quelques années, nous en réa­li­sions une cen­taine pour un don­neur d’ordre de pre­mier plan. Nous intui­tions de com­plé­ter nos col­lec­tions ATOL par des pan­neaux muraux absor­bants. Avant de déployer, LASA a modé­li­sé nos ATOL et par le cal­cul, accom­pa­gné d’un essai acous­tique in situ, nous a démon­tré que ces pan­neaux étaient sur­abon­dants, qu’ils allaient créer un effet « boite à œufs » pour le client. Nous avons pro­po­sé à l’utilisateur de sup­pri­mer ces pan­neaux, il a donc gagné en confort et en bud­get grâce a une solu­tion plus fru­gale en maté­riaux. Une vraie solu­tion prag­ma­tique et co-construite !

STD / ED : Au final, c’est une réelle phi­lo­so­phie du « pro­jet par pro­jet » que ce soit pour l’acoustique ou l’aménagement d’espaces. Il n’y a pas de solu­tions uniques, ou de stan­dard, il faut per­son­na­li­ser les pro­duits en fonc­tion de chaque client. 

Comment l’humain réagit aux décibels dans la vie de tous les jours ? 

STD : Quelques déci­bels de dif­fé­rence peuvent jouer un rôle déter­mi­nant. Énergétiquement, 3db de plus ou de moins, c’est le début de la per­cep­tion du chan­ge­ment. À 5db, la per­cep­tion est très nette. À 10db de dif­fé­rence, l’humain le per­çoit comme un mul­ti­plié par deux ou divi­sé par deux. Dans la pra­tique, entre 38db et 28db d’atténuation on a divi­sé le bruit par deux. Il y a un véri­table para­doxe entre la per­cep­tion com­mune et la phy­sique, l’énergie. il faut donc tou­jours essayer de rac­cro­cher les des­crip­teurs phy­siques à un réfé­ren­tiel du quo­ti­dien pour l’utilisateur. Au final, le client est satis­fait par ce qu’il res­sent. 

ED : Ce qui est très inté­res­sant dans la méthode et dans l’approche de LASA c’est qu’il y a des sujets phy­siques, tan­gibles, éner­gé­tiques qui per­mettent de com­prendre des méca­niques qui sont pri­mor­diales. Les solu­tions pro­po­sées sont ain­si prag­ma­tiques pour faire coha­bi­ter la norme, les mesures et le res­sen­ti client.

Comment ressentez-vous auditivement un lieu ?

STD : Nous réa­li­sons une exper­tise qui a pour objec­tif de prendre en consi­dé­ra­tion la réa­li­té phy­sique des évé­ne­ments sonores. Nous avons des sys­tèmes qui nous per­mettent, par la mesure, d’aller recréer des situa­tions avec des sources de bruit que l’on vient pla­cer aux postes de tra­vail. Ensuite nous mesu­rons la pro­pa­ga­tion du bruit dans les lieux sui­vi d’un sys­tème d’analyse per­met­tant de relier cela à des valeurs cible avec des des­crip­teurs que l’on arrive à cor­ré­ler avec des res­sen­tis uti­li­sa­teurs (grâce à l’habitude et aux retours d’expérience). Nous réa­li­sons des études de sce­na­ris pro­po­sant dif­fé­rents trai­te­ments acous­tiques avec des com­pa­rai­sons de résul­tats. Pour objec­ti­ver une situa­tion et se situer par rap­port à la norme, nous fai­sons un diag­nos­tic des locaux avant tra­vaux et des mesures de véri­fi­ca­tion après tra­vaux. 

Ci-dessus, par exemple, c’est pour la réver­bé­ra­tion : la manière dont un lieu rai­sonne. Nous émet­tons des impul­sions fortes de bruit et véri­fions en com­bien de temps le bruit décroit en tirant au pis­to­let à blanc. Nous  mesu­rons avec un sono­mètre la décrois­sance et après ana­lyse, cela donne la courbe de réver­bé­ra­tion qui per­met de savoir si le lieu rai­sonne (impres­sion d’être dans une salle de bain, d’être étouf­fé par trop de silence…) et de trou­ver le juste milieu. 

Et c’est la même chose pour anti­ci­per les situa­tions de cloi­son­ne­ment. En arri­vant à modé­li­ser le bruit qui va pas­ser direc­te­ment par la cloi­son, le faux pla­fond ou le plan­cher tech­nique, cela per­met d’anticiper et de trou­ver le bon com­pro­mis avec les fabri­cants de cloi­son.

Quelles sont les avancées face à ces techniques ? 

STD : La maquette sonore per­met de res­sen­tir audi­ti­ve­ment un lieu avant qu’il ne soit construit. La maquette audio n’est pas un objet scien­ti­fique mais une repré­sen­ta­tion sen­sible d’une future ambiance sonore spé­ci­fique à un lieu de vie. Au final, nous savons modé­li­ser, tra­duire en carte de cou­leurs mais il reste une étape : la capa­ci­té des uti­li­sa­teurs finaux à  com­prendre ces chiffres. Il y a un gros tra­vail de péda­go­gie néces­saire pour que les clients puissent se pro­je­ter et pour cela il faut leur faire écou­ter. Et aujourd’hui c’est pos­sible avec la maquette sonore qui per­met à l’avance de s’immerger dans son futur lieu de tra­vail.

Comment travaillez-vous en complémentarité : Acousticiens et Fabricants de cloisons ? 

STD : Le rôle du cabi­net LASA est de four­nir une étude com­plète aux clients mais nous ne four­nis­sons pas de maté­riel. Nous sommes là pour conseiller et nous avons donc besoin du savoir-faire, des retours d’expériences de pro­fes­sion­nels aguer­ris pour solu­tion­ner un besoin et pro­po­ser des outils fiables. Et à contra­rio, il faut que les pro­duits répondent aux recom­man­da­tions des acous­ti­ciens. L’un nour­rit l’autre. Le but est de se retrou­ver autour de nos déve­lop­pe­ments et d’imaginer la meilleure solu­tion en termes de fai­sa­bi­li­té pour répondre aux besoins du client. 

ED : L’acousticien est un scien­ti­fique, un phy­si­cien qui doit com­prendre les méca­nismes liés à la source sonore et pro­pa­ga­tion des sons mais d’autres dimen­sions sont aus­si à prendre en compte comme la phy­sio­lo­gie de l’oreille humaine, la psy­cho­lo­gie indi­vi­duelle et col­lec­tive, les aspects cultu­rels…. L’acousticien est là pour assis­ter les per­sonnes qui modi­fient des espaces. Le fabri­cant est à l’écoute de la diver­si­té des acti­vi­tés humaines, des contraintes et des carac­té­ris­tiques acous­tiques (tra­vailler seul ou en équipe, se repo­ser…). Il s’agit donc d’un véri­table tra­vail d’équipe. L’objectif est vrai­ment de s’écouter, de s’entraider, d’être com­plé­men­taires, de créer une vraie rela­tion de qua­li­té entre pro­fes­sion­nels. 

STD/ED : Il est pri­mor­dial de tenir compte des acteurs de notre éco­sys­tème, de les com­prendre, et sur­tout de par­ler le même lan­gage pour que le pro­jet soit réus­si. C’est en met­tant en com­mun nos savoir-faire res­pec­tifs et retours d’expériences que les objec­tifs seront atteints. 

Nos métiers sont com­plé­men­taires. L’association de nos com­pé­tences nous per­met de résoudre des pro­blé­ma­tiques en toute cir­cons­tance. C’est un réel tra­vail d’équipe !


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